» Point de presse du Ministre des médias du 11 janvier 2013 (RD Congo)

CONFERENCE DE PRESSE DU GOUVERNEMENT (VENDREDI 11 JANVIER 2013)

Mesdames et Messieurs de la presse,

Je saisis l'occasion de ce premier rendez-vous en cette nouvelle année 2013 pour vous souhaiter à tous et à chacun bonne santé, succès et bonheur au cours de l’année qui commence.

Comme d'habitude, nous allons faire un tour d'horizon des grands sujets d'actualité brûlante. Celle-ci tourne essentiellement autour des graves décisions prises par l'Assemblée Nationale à l'encontre de deux de ses membres accusés respectivement de haute trahison et de viol sur mineures, d’une décision, la première du genre, portant suspension d’un parti politique ainsi que des suites du processus de recherche de pistes de sortie de la crise créée par la guerre d’agression à l'Est de la RDC, notamment les rencontres entre le Gouvernement de la République et le M23 à Kampala, la force internationale neutre en gestation et la requalification du mandat et des moyens d’action de la MONUSCO.

I. DES DECISIONS PRISES PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE A L'ENCONTRE DE DEUX PARLEMENTAIRES

Après une longue série de tergiversations, l’Assemblée Nationale vient de voter l’invalidation du député national Roger Lumbala. Il vous souviendra qu’il y a peu, les services du Gouvernement puis le Parquet Général de la République avaient fait part des agissements de cet ex-député national démontrant une collusion coupable avec une puissance étrangère et des forces négatives qui ont agressé la République Démocratique du Congo depuis le premier trimestre de l’année dernière. Alors que la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale de notre pays ainsi que la stabilité de ses institutions et la vie de ses populations étaient menacées, certains dans le microcosme politique kinois n’y avaient vu que manœuvres politiciennes pour prétendument faire taire une voix qui dérange. Ils vinrent à la rescousse de M. Lumbala qui faisait des pieds et des mains pour nier les faits, affirmant n’avoir rien à voir ni avec le M23, ni avec ses maîtres à penser. C’est à la veille de la reprise de la rencontre de Kampala début janvier que le pot aux roses sera découvert, grâce à Roger Lumbala lui-même qui s’était rendu en personne à Bunagana, dans la partie occupée du Nord-Kivu pour annoncer son ralliement à la pseudo – mutinerie du M23 avant de faire partie de la délégation de ce groupe armé à la rencontre de Kampala. Le doute n’était plus permis et l’Assemblée nationale après débats a décidé le mardi 8 janvier d’invalider purement et simplement le mandat parlementaire de Roger Lumbala Tshitenga qui a choisi de prendre les armes contre les institutions, toutes les institutions de la République, y compris celle à laquelle il appartenait.

La République a ainsi sanctionné cet acte politiquement inconséquent d’un de ses hauts cadres, une véritable trahison. C’est le lieu de rappeler à tous et à chacun que prendre les armes contre son pays est une infraction au regard de la constitution et des lois congolaises. C’est la raison pour laquelle le Procureur Général de la République avait saisi l'Assemblée Nationale pour solliciter la levée de l'immunité parlementaire de Monsieur Lumbala afin qu'il réponde de ces faits infractionnels devant la justice. La chambre basse du parlement est allée plus loin en invalidant purement et simplement ce parlementaire.

Le Gouvernement de la République se félicite de cette décision de l'Assemblée nationale qui constitue un signal fort à l’intention de ceux qui avaient fini par prendre la RDC pour une sorte de République bananière ou tout est permis à qui fait preuve d’un peu d’audace.

L’exécutif national a, de son côté, pris au niveau du Ministère de l’Intérieur, les mesures qui relèvent de sa compétence. Ainsi le parti politique RCD/N créé et présidé par Roger Lumbala, a-t-il été suspendu d’activités par ce Ministère qui a en charge les activités des partis politiques. La cause en est que l'ensemble des dirigeants de cette formation politique ont affiché ‘urbi et orbi’ leur solidarité avec le choix susmentionné de leur président national lequel ayant devenu ‘ipso facto’ l'option officielle de ce parti. Il n’est exclu que cette procédure aboutisse à la dissolution du RCD/N par les instances judiciaires compétentes.

La détermination du Gouvernement à appliquer une politique de tolérance zéro face à toutes les atteintes à la sécurité nationale doit être prise très au sérieux.

C'est le lieu de féliciter ceux des Honorables Députés de l'opposition parlementaire qui ont prouvé par leur vote que la défense des Intérêts Nationaux et de la survie de l’Etat congolais transcende les clivages politiques et idéologiques.

J'en viens au cas de l’Honorable Eugène Diomi Ndongala. J'ai personnellement dû répondre à plusieurs courriers de partenaires étrangers perturbés par la fameuse légende de l’enlèvement et la séquestration de ce parlementaire de l’opposition par les autorités de notre pays. Certains n’étaient pas loin de le considérer comme un martyr de la démocratie en RD Congo. On sait qu’il était réapparu à la faveur du 14e sommet de la Francophonie en octobre dernier, espérant profiter de la querelle de l’époque entre notre Gouvernement et certains de ses partenaires mal informés sur les réalités congolaises. Depuis lors, sans parvenir à convaincre sur la réalité de sa prétendue séquestration ni expliquer par quelle alchimie ses pseudo tortionnaires auraient choisi de le libérer dans un état hirsute, le jour le moins indiqué qui soit, lui offrant ainsi la meilleure occasion imaginable de les humilier, le député Diomi a passé le plus claire de son temps à jongler avec les faux-fuyants pour faire échec aux efforts de l’institution parlementaire à laquelle il appartient pour en savoir un peu plus sur ses propres moyens de défense. Après sa deuxième tentative de fuite à l’étranger, force a été de constater que Monsieur Diomi ne voulait rien moins que d’empêcher la justice de procéder dans cette affaire de viol sur mineures qui pesait sur lui. Il avait choisi de s’abriter derrière le 14e Sommet de la Francophonie de Kinshasa et la crédulité d’un certain nombre de partenaires de la RD Congo pour se garantir l’impunité.
C’est pourquoi il a refusé jusqu’au bout de répondre aux nombreuses invitations de l'Assemblée Nationale lui demandant de l'éclairer sur ces faits. Il s’agissait de pratiques purement dilatoires qui n’ont impressionné personne.

Le Gouvernement se félicite de la réponse favorable de l’Assemblée nationale à la requête du Procureur Général de la République qui avait sollicité la levée de l'immunité parlementaire du Député Eugène Diomi Ndongala. Cette décision atteste de l'effectivité de l'Etat de droit dans notre pays et de la fin du règne des intouchables qui, au nom de leur fortune personnelle ou positionnement politique, se croient tout permis. Les filles présumées violées par ce parlementaire et leurs familles ont aussi des droits, les mêmes que ceux des autres citoyens fussent-ils députés, ministres ou que sais-je encore. Qu’on se le tienne pour dit. C'est cela l'égalité de tous les citoyens devant la loi que proclame la constitution de la République. Nous devons être fiers de voir notre Assemblée nationale faire honneur à ce principe républicain et participer ainsi à la lutte contre l’impunité.

II. LE PROCESSUS DE RECHERCHE D’UNE SOLUTION À LA GUERRE DE L'EST

S'agissant du conflit à l'Est de la République, l'année 2013 commence avec la poursuite de la rencontre de Kampala entre le Gouvernement représenté par le Ministre des Affaires Etrangères et le M23. Signe que le Gouvernement tient à aller jusqu'au bout des engagements qu'il a pris. Mais il faut encore et toujours redire que rien à Kampala ou ailleurs ne se fera en violation de la Constitution et des lois de la République Démocratique du Congo. Ceci devrait rassurer ceux parmi nos compatriotes qui craignent que ne s'installe chez nous une sorte de culture de prime à la violence. Il ne sera plus jamais question pour les institutions congolaises d'encourager de quelque manière que ce soit nos concitoyens à s’associer à des entreprises criminelles de déstabilisation de leur propre pays pour accéder à des postes politiques ou des prébendes.

C’est le lieu de rappeler une fois de plus que dans la Déclaration des Chefs d’Etats de la région qui a institué la rencontre de Kampala il est stipulé ‘expressis verbis’ que le Président de la République Démocratique du Congo s’était engagé à écouter les revendications du M23 et à y répondre dans la mesure du possible au regard de l’accord signé entre son Gouvernement et des groupes armés du Kivu en 2009. Il s’agit, comme l’a signalé le Président Joseph Kabila dans son discours sur l’Etat de la Nation d’appréhender tous les enjeux de la guerre qui nous est imposée. Le scénario interdit comme l'appellent certains médias et qui consisterait à violer la constitution n'aura pas lieu.

Nous avons pris acte de l’annonce des éléments du M23 selon laquelle ils renoncent à conditionner leur participation aux pourparlers de Kampala à un cessez-le-feu à signer avec le Gouvernement de la République. La fermeté des autorités de la République appuyées en cela par de larges pans de l’opinion publique nationale et de la Communauté internationale aura été payante.

En ce qui les concerne, les Congolaises et Congolais peuvent faire totalement confiance en la délégation gouvernementale qui siège à Kampala.

Nous nous réjouissons de la position prise par Monsieur le Président Denis Sassou Ngweso de la République du Congo Brazzaville, qui, dès son entrée en fonction en qualité de Président en exercice de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs, a exprimé l’intérêt particulier qu’il portait au retour de la paix en République Démocratique du Congo.

Nous sommes également heureux de la confirmation par la Commission Paix et Sécurité de l’Union Africaine du déploiement prochain au Nord-Kivu de la Force internationale neutre décidée à Addis Abeba l'an dernier. La Tanzanie a été confirmée pour le commandement de cette force qui connaîtra notamment la participation confirmée d’un certain nombre de pays de la SADC dont le Gouvernement de RDC salue cet engagement aux côtés du peuple congolais meurtri.

Les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations-Unies contre les forces négatives M23 et FDLR qui sèment la mort et la désolation dans la région des Grands Lacs est un signal très positif pour le retour d’une paix durable dans tous les pays de notre région. Aussi devons-nous réitérer notre appel pour que cesse tout soutien interne et externe à ces groupes armés auteurs d’un nombre impressionnant de crimes de sang.

Mardi 8 janvier dernier, le Secrétaire Général Adjoint de l'ONU pour les opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a déclaré au Conseil de sécurité que la Monusco prévoyait de déployer trois drones pour surveiller l'Est de la RDC. Le Gouvernement congolais salue cette proposition puisqu'elle tend visiblement à améliorer les capacités des forces internationales impliquées dans la sécurisation de l’Est de la RD Congo. A l’Est en effet, la Force Onusienne agissant au nom de la communauté internationale devrait pour la crédibilité de cette dernière, améliorer ses capacités opérationnelles pour arrêter la catastrophe humanitaire qui se joue au Kivu.

Le déploiement de trois drones non armés pour surveiller l'Est de la RDC paraît d’autant plus utile au renforcement de la paix dans la région qu’il permettra d’affiner la maîtrise par les forces internationales des mouvements le long de la frontière à problèmes qui sépare la RD Congo et la République du Rwanda.

A l'interne, le Président Joseph Kabila Kabange, a pris l'initiative d'organiser des échanges réunissant toutes les forces vives de la nation afin de forger et consolider la cohésion nationale face à la Nation en danger. Il est désagréable de constater que certains acteurs politiques se refusent encore à saisir ce momentum crucial pour un sursaut patriotique par-delà les ambitions ou les ressentiments subjectifs. Il s'agit ici de l'Etat Congolais, ce pays qui constitue notre unique patrimoine commun. Le Gouvernement tient à féliciter au nom de la République, tous ceux qui n’ont écouté que leur patriotisme et adhéré sans atermoiements à l'appel du Chef de l'Etat au Rassemblement de la Nation tout entière. Nous ne désespérons pas de l’homme du Congo. Tôt ou tard, l'amour de la patrie triomphera des calculs politiciens dans les cœurs du plus grand nombre, même chez certains qui hésitent encore à répondre à l'appel du Chef de l'Etat. Il n'y a pas de raison d'avancer en rangs dispersés quant il s'agit de la survie de la Nation. Je relaye donc l'appel du Chef de l'Etat à tous pour sauver la patrie.

Ceux qui dans une certaine opposition n’ont vu dans la guerre d’agression qui nous est imposée qu’une opportunité pour remettre en cause les institutions démocratiquement établies pour revenir au système quasi maffieux du partage équilibré du pouvoir ont tort. La solution au chaos et à l’anarchie provoqués par la guerre ne passe certainement pas par plus de chaos et d’anarchie. Il ne s'agit pas de tuer la jeune démocratie congolaise acquise de haute lutte par notre peuple.

Voilà, mesdames et messieurs, ce que j'avais à vous dire sur ces différents points d’actualité. Je me tiens prêt à répondre à vos différentes questions.

Je vous remercie.

Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, chargé des Relations avec le Parlement et de l'Initiation à la Nouvelle Citoyenneté,

Porte-Parole du Gouvernement