» Message du Gouvernement de la RDC au sommet mondial de Séoul sur la paix, la sécurité et le développement (Séoul, Corée du Sud, le 23 février 2013)

MESSAGE DU GOUVERNEMENT DE LA RDC AU SOMMET MONDIAL SUR LA PAIX, LA SECURITE ET LE DEVELOPPEMENT DE SEOUL ( Séoul, Corée du Sud, le 23 Février 2013)

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Excellences et Honorables Chefs des Délégations,

Distinguées Premières Dames,

Monsieur le Président de la Fédération pour la Paix Universelle,

Mesdames, Messieurs, Distingués Invités,

Je voudrais, au nom de la délégation de la République démocratique du Congo (Congo-Kinshasa) et en mon nom propre remercier la Fédération pour la Paix Universelle (FPU) pour nous avoir invité à participer à ce Sommet Mondial pour la Paix, une belle opportunité de partager des expériences utiles sur les voies et moyens d’améliorer dans l’harmonie et la convivialité le monde dans lequel nous vivons.

Une des éminentes personnalités intervenant hier évoquait les blessures de l’Afrique. La RDC qui est étranglée depuis 15 ans par un cycle de guerres récurrentes est une des grandes blessures dont souffre notre continent. Les rébellions, guerres d’agression extérieure et mutineries téléguidées n’ont pas cessé de s’y succéder, ramenant la situation sécuritaire et humanitaire à un niveau humainement inacceptable.

Pour mettre fin à ce conflit qui a tué plus de cinq millions de personnes en dix ans, un Dialogue interne organisé à Sun City (Afrique du Sud) en 2002 a enfanté un gouvernement de large union nationale, comprenant les principaux seigneurs de guerre. Ce schéma qui a permis de réunifier le pays et fait taire les armes pour un temps a, malheureusement, aussi donné une prime à la violence et stratifié les influences étrangères illégitimes sur le pays par le biais de seigneurs de guerre sponsorisés de l’extérieur. Une situation intenable.

La question de la rébellion rwandaise des FDLR qui occupe depuis le génocide de 1994 des maquis au Nord-Kivu (RDC) empoisonne les relations entre la RDC et le Rwanda. Notre gouvernement, accusé par Kigali de soutenir ces forces négatives rwandaises, les avait pourtant fait traquer par des unités régulières conjointes congolaises et rwandaises sur son territoire, au grand mécontentement de certains Congolais. Cette opération a permis de réduire les capacités des FDLR dont le nombre est passé de 12.000 combattants il y a 5 ans à moins de 1 500 selon les Nations Unies qui ont paradoxalement fait état de la présence d’anciens FDLR rapatriés au Rwanda aux côtés d’une nouvelle rébellion anti congolaise, le M23, fomentée à partir de ce pays en avril 2012 avec son lot de morts, de viols, de pillages et de destructions. La main tendue de la RDC n’a donc pas eu l’écho attendu de l’autre côté de la frontière.

Il a été en outre constaté que le M23 comme d’autres rébellions avant lui s’est greffé sur des zones minières, illustrant les motivations triviales de la guerre congolaise qui apparaît en définitive comme une entreprise de prédation que l’on a tenté de dissimuler derrière des revendications politiques et identitaires pour la plupart déjà rencontrées par la nouvelle constitution en vigueur depuis 2006. Le pillage des ressources naturelles de la RDC qui constitue la cause première de la guerre est une réalité indéniable. Il implique aussi divers groupes d’intérêts non africains. Les enquêtes diligentées par l’ONU à ce propos sont édifiantes.

Ce constat nous a conduit à prendre conscience de la dimension économique de la tragédie congolaise depuis 1998. Pourtant, nous n’avons jamais cessé de promouvoir des relations adultes à travers des échanges commerciaux mutuellement avantageuses.

Le Gouvernement de la RDC entend assumer ses responsabilités et rétablir la paix et la sécurité à l’intérieur de ses frontières. Il apprécie les efforts des pays qui ont imposé des sanctions économiques au Rwanda pour l’amener à rompre avec les forces négatives. Nous saluons à cet égard la signature aujourd’hui même à Addis Abeba d’un Accord Cadre pour la paix dans les Grands Lacs à l’initiative du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Ban Ki Moon. Onze Etats africains s’y engagent pour la sécurisation des frontières à problème de l’Est du Congo en vue de créer les conditions pour une paix durable dans la région.

Le gouvernement de la RDC y confirme pour sa part la poursuite du processus de la décentralisation qui est un principe constitutionnel et annonce un agenda de réconciliation nationale pour ôter tout prétexte aux fauteurs de guerres.

De leur côté, les pays des Grands Lacs, de la SADC et d’Afrique Centrale s’engagent à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires internes d’autres Etats et de tout appui aux forces négatives. Il s’agit d’une approche globale qui insiste sur le renforcement de la coopération régionale, notamment judiciaire, contre la criminalité transfrontalière ainsi que sur des projets d’intégration économique régionale.

Le mandat de la MONUSCO dont la faiblesse a été révélée avec l’occupation par une armée étrangère de la ville de Goma sera revigoré pour protéger les populations civiles et imposer la paix.

Il est heureux que la Communauté internationale ait fini par prendre en compte l’impact des acteurs extérieurs dans les troubles qui assaillent notre pays. S’agissant des causes endogènes brandies à tout bout de champ et qui portent essentiellement sur l’incommunicabilité entre certaines des quatre cent communautés ethniques qui ont en partage la RDC, le gouvernement en est pleinement conscient. C’est la raison pour laquelle a été créé un Ministère de la Nouvelle Citoyenneté chargé notamment de l’Education à la Paix, de l’Eco - citoyenneté et des Valeurs Républicaines et Morales qui fondent la Spiritualité Globale en vue d’asseoir une Convivialité Nationale et Universelle sans lesquelles il n’y a ni nation prospère, ni monde vivable. C’est aussi pourquoi nous appliquons une politique de tolérance zéro à l’égard des attitudes et comportements discriminatoires. Comme lorsque le patron de l’unique chaîne publique de télévision de RDC, a été limogé pour avoir diffusé sur antenne des propos haineux contre des counautés ethniques du Kivu. Si ceux qui, en Afrique et ailleurs, ont une responsabilité dans le drame que vit la RDC en faisaient autant, la paix, la sécurité et le développement seraient des réalités dans la région des Grands Lacs.


La RDC ne veut plus répandre le sang de ses enfants et celui des autres. Après 15 ans de souffrances atroces, notre pays a bien intégré le fait, rappelé à bon escient par M. le Premier Ministre Xanana Gusmao de Timor Leste, que la guerre n’amène pas la paix. Nous lançons au nom de la RDC, un appel pathétique à la FPU et à tous ses réseaux pour les appeler à peser de tout leur poids pour faire lâcher prise à ceux qui se sont mis en tête qu’ils sont en droit de tuer des Congolais pour dépouiller le Congo et s’enrichir sans contrepartie.-

Lambert MENDE OMALANGA
Ministre des Médias, des Relations avec le Parlement et de l'Initiation à la Nouvelle Citoyenneté

, Porte-Parole du Gouvernement