» COMPLOT CONTRE LA RD CONGO - Pole Institute et Ka Mana préparent les esprits à la balkanisation

COMPLOT CONTRE LA RD CONGO - Pole Institute et Ka Mana préparent les esprits à la balkanisation

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MAXIMUM n° 075 du vendredi 22 mars 2013

Plus aucun doute n'est permis. Sous le couvert d'une sorte d'Ong rd congolaise basée à Goma (RDC) et Gisenyi (Rwanda) Pole Institute, présentée comme une institution à vocation « interculturelle » a été chargée de porter au cœur de l'immense Congo le venin de la balkanisation mitonné par Kigali et ses suppôts mercantilistes internationaux. Le glaive de l'agression militaire n'y suffisant manifestement plus, les stratèges du 'Congo Desk' des services d'intelligence rwandais ont pris le pari de développer un ambitieux programme de lobbying en interne en RDC même.
Il s'agit d'utiliser les nombreux « mercenaires intellectuels » qui pullulent au sein de l'intelligentsia du pays de Lumumba pour préparer les esprits de leurs compatriotes à accepter le démembrement de leur pays comme la
moins mauvaise des solutions aux graves problèmes qui l'assaillent. Pole Institute s'est fait connaître au début de la transition dite du 1 + 4, c'est-à-dire, exactement après que les forces hostiles à la RD Congo eurent échoué dans leurs premières tentatives de dépecer le pays en confettis malléables et corvéables à volonté au terme de la désormais célèbre première guerre mondiale africaine. Ils y étaient pourtant presque parvenus en imposant à la fin de l'épisode une subdivision du Congo Kinshasa en au moins 4 territoires autonomes gouvernés par des seigneurs de guerre téléguidés depuis Kigali et Kampala. Le tact et l'entregent de Joseph Kabila ayant ruiné leurs espoirs en rétablissant l'unité territoriale du grand Congo, le mot d'ordre chez Kagame et ses extrémistes qui convoitent plus que jamais les vastes et riches étendues territoriales de la RD Congo est à la préparation des esprits à accepter la division du pays, avant que le « travail » de conquête, directe ou par Congolais de service interposé ne soit réalisé.
La naissance du fameux Pole Institute au moment même où se radicalisaient les visées hégémonistes et prédateurs de Kigali sur l'Est congolais est tout sauf le fruit du hasard. Ses fondateurs prétendirent œuvrer pour « faire évoluer des sociétés dignes et non exclusives dans lesquelles agissent des personnes et des peuples en vue de contribuer à (…) la construction d'une société dans laquelle chacun trouve sa place et redécouvre l'autre par le développement d'une culture de négociation permanente et l'identification des valeurs positives communes (et) à la formation d'un type nouveau de personne indépendante d'esprit enracinée dans son identité tout étant ouverte au monde ».
Les mots avaient bien leur sens. L'objectif central d'« une société dans laquelle chacun trouve sa place … » révèle l'obsession des vrais fondateurs de Pole institute d'enfoncer dans les crânes l'idée fallacieuse que certains manquaient de place en RD Congo. Qui donc ? Il suffisait d'y penser pour découvrir aussitôt le pot aux roses. Mais dans l'effervescence « ongdéenne » d'un pays vidée de sa substance étatique par des puissances avides de dominer pour piller, ce type de questionnement est vite relayé au second plan.
Mais à force de marteler des incongruités et des sophismes cousues de fil blanc sur la question cruciale et fondamentale de la Nation rd congolaise, de son unité, de son avenir et de son devenir, Pole Institute et ses animateurs ont fini par éveiller la vigilance de plus en plus de Congolais. Depuis près de dix mois maintenant, cette institution prétendument interculturelle financée entre autres par des organismes britanniques, allemands ou simplement européens, s'est lancée toute honte bue dans une guerre sans fards contre l'existence d'un Etat rd congolais, au sens où l'entendent et l'attendent les filles et fils de ce pays.
Parmi les prises de position les plus inacceptables récentes des rwandophiles de Pole Institute, on peut épingler celle rendue publique le 20 décembre 2012 à Kinshasa. Alors que la rencontre initiée par la CIRGL à Kampala entre le Gouvernement congolais et les mutins du M23 pour consolider le cessez-le-feu observé sur le terrain au Nord-Kivu, prenaient leur vitesse de croisière sous l'égide de la facilitation ougandaise, le Congolais Ka Mana (de son vrai nom Godefroid Mana Kangudie) président de Pole Institute, se livraient à des déclarations aussi incendiaires qu'alarmistes selon lesquelles «les pourparlers de Kampala ne résoudront aucun problème, s'ils ne sont qu'un partage des postes au gouvernement, dans l'armée et dans l'administration». Méconnaissant le fond des matières faisant l'objet de cette rencontre, lesquelles avaient été fixées par les Chefs d'Etats des pays
membres de la CIRGL, à savoir l'évaluation de l'Accord de paix de Goma de 2009 et l'écoute des griefs des mutins du M23, il ajoutera que «les négociations de Kampala doivent tenir compte des préoccupations de la population congolaise et des vrais problèmes de la RDC», comme si la guerre atroce du Kivu ne faisait pas partie des préoccupations et des vrais problèmes du peuple congolais.
Pourtant, Kampala constituait une partie de la solution l'insécurité généralisée installée dans les provinces du Nord et Sud Kivu où des populations rd congolaises de l'Est, déstabilisées à dessein et a volo sont contraintes à l'errance dans leur propre pays pour des motivations totalement étrangères à leurs préoccupations les plus élémentaires, dont le plein contrôle de leurs ressources naturelles et l'opportunité de vivre en paix chez soi.
Existerait-il d'autres préoccupations des Congolais et d'autres vrais problèmes du Congo dont Pole Institute serait le dépositaire ? La réponse à cette interrogation a été livrée il y a quelques jours au cours d'un point de
presse animé par un certain Onesphore Sematumba, directeur de l'information de Pole Institue, dimanche 17 mars 2013 à Kinshasa. A l'occasion de la présentation de « Gouvernance et Refondation de l'Etat en République Démocratique du Congo », un ouvrage qui compile les actes d'un colloque tenu à Goma en juin 2012. Sans ambages, Pole Institute y a largué la dernière ogive du 'Congo Desk' de Kigali contre la RDC : « La guerre au Kivu est une conséquence de la mauvaise gouvernance » ! L'argument n'est rien d'autre qu'une parfaite machine à laver … les agresseurs de la RD Congo des nombreux crimes qu'ils ont commis au détriment des populations rd congolaises de l'Est depuis 1998. Ainsi expliquée par Ka Mana, ses patrons et ses amis, ce n'est plus la guerre omniprésente depuis quinze ans maintenant dans cette région qui est à la base de la pauvreté, parce qu'elle handicape toute activité commerciale ou de production paysanne. Ce n'est plus la guerre qui rend l'Est ingouvernable en substituant des commandements rebelles parallèles aux pouvoirs étatiques et traditionnels qui ont la responsabilité de réguler la vie sociale. Les coupables, ce sont les institutions publiques congolaises qui « n'ont pas jugulé la pauvreté ». Plus sophiste que Ka Mana, tu meurs…
Pole Institute et ses animateurs ont reçu de leurs maîtres à penser l'injonction de tirer à boulets rouges sur les gouvernants et sur le type de gouvernance (Etat central à vocation décentralisée) en place en RDC pour
les discréditer et dégouter les masses populaires qui pourraient de la sorte être plus facilement acquises à l'idée que seuls des micro Etats, plus facile à gérer, qui seraient la solution. Cela, le lecteur de l'ouvrage collectif
« Gouvernance et Refondation de l'Etat en République Démocratique du Congo » peut s'en rendre compte assez aisément. L'épilogue, rédigée par le Congolais de service Ka Mana qui peut, de ce fait, proposer les idées les plus osées sans prêter à suspicion, défend la thèse d'un «Etat éthique » dont il faut étudier les conditions de possibilité et d'avènement (p. 209). Tout est dit dans cette introduction : des conditions de possibilité d'avènement impliquent qu'il n'existe pas un Etat ou une nation rd congolaises, qui sont à créer, au besoin sur de nouvelles bases géographiques ! L'affirmation de base du raisonnement est donc déjà très discutable dans la mesure où, contrairement à ce que tente de nous faire croire Ka Mana et ses complices, pour la très grande majorité des 70 millions de Congolais, l'Etat-Nation RDC est bel et bien une réalité.
On l'aura bien compris : les tireurs des ficelles de Pole Institute voudrait simplement instrumentaliser le chaos des affrontements récurrents au Kivu pour conforter l'image d'un pays ingouvernable à partir de Kinshasa, ce qui donnerait de la substance aux prétentions des tenants de la balkanisation.
Pole Institute est le chantre sans scrupule de ceux pour qui la nation ou l'Etat en RD Congo sont à remodeler au gré de quelques puissances d'argent et de leurs complices dans la région des Grands Lacs. Alors que pour les
Congolaises et les Congolais, il ne s'agit pas de refaire ce qui a déjà été constitué mais de le consolider. Les vitupérations de Ka Mana fustigeant le sort d'une RD Congo, « enfermée dans des frontières définies arbitrairement » sont loin d'être innocentes. Lorsqu'il prétend encourager « un réexamen des conditions de vivre ensemble », il faut être en même temps, sourd, aveugle et idiot pour ne pas y voir mot pour mot la réitération
de la thèse de la révision des frontières héritées de la colonisation, chère aux agresseurs de la RD Congo depuis toujours. Engoncé jusqu'au cou dans la trahison des Intérêts Nationaux de son propre peuple l'intellectuel - mercenaire ne s'arrête pas en si bon chemin : « On le sait : le sort est une réalité lestée d'une ambiguïté foncière. Celle-ci est bien rendue par les expressions du langage courant qui parle autant de mauvais sort, de sort funeste, d'ironie du sort que des impératifs de conjurer le sort et ou d'en changer l'ordre fatal. Dans ces occurrences de langage, la négativité du sort renvoie toujours aux visées du positif pour rendre l'homme et la société maîtres de leur destin, ou plus exactement, pour les rendre capables de transformer leur destin en destinée, comme disait Malraux », ajoute-t-il.
C'est clair comme de l'eau de roche, même enfouie dans les circonlocutions alambiquées d'une terminologie qui se veut philosophique pour mieux embrouiller les esprits faibles.
Les traits de personnalités des deux principaux dirigeants de Pole Institute jusqu'à ce jour, Aloys Tegera et Ka Mana, éclairent encore mieux les véritables desseins dont l'institut « interculturel » est porteur. Selon les informations parvenues aux rédactions du Maximum, Aloys Tegera, le tout premier patron de Pole institute, est arrivé en RD Congo à la fin des années '80, comme prêtre … rwandais. Comme nombre de ceux qui à l'époque avaient bénéficié de l'« hospitalité légendaire du Zaïre de Mobutu », c'est après les guerres de 1996 et 1998 que ce prêtre rwandais, défroqué entretemps et marié à une européenne, est devenu rd congolais de … Masisi.
L'homme a, de toute évidence, senti que malgré ce changement de nationalité, les idées révisionnistes qu'il avait toujours professées passeraient plus facilement dans l'opinion en RD Congo si elles étaient portées par un autre que lui. C'est en ce moment qu'apparaît Godefroid Mana Kangudie, alias Ka Mana, un intellectuel originaire du Kasai Occidental (Ilebo) au centre du pays. Docteur en philosophie de l'Université Libre de
Bruxelles, et docteur en théologie de l'université de Strasbourg. Pasteur à ses heures, Ka Mana est aussi prédicateur de l'église harriste et possèdeégalement la nationalité française. Ce qu'il ne déclare pas tout haut, lorsqu'il parle de la RD Congo et des Congolais, comme s'il était encore porteur de la nationalité congolaise alors que la législation congolaise ne prévoit pas la double nationalité.

E. MUKUNA (Maximum n° 075 du vendredi 22 mars 2013)